Mardi 18 mai à 13h00, RV a été pris pour la prochaine AG Jeunesse et Sports
Pour donner suite aux premiers travaux de l’assemblée générale Jeunesse et Sports, une tribune sera mise en débat mardi prochain pour interpeller l’opinion publique sur le devenir du service public Jeunesse et Sports.
Ci-dessous, nous vous soumettons un texte en cours de construction à amender en ligne ici. Vous pouvez le transmettre avant sa publication et sa diffusion pour rassembler autour de cette mobilisation JS à toute personne, association ou collectif de votre entourage. Nous vous encourageons à les contacter directement pour les convaincre de s’engager à nos côtés pour défendre le service public Jeunesse et Sports.
Cette tribune est la première étape d’une mobilisation qui proposera une action le 21 juin prochain.
TRIBUNE « JEUNESSE ET SPORTS » DEBOUT !
Après deux décennies d’attaques, de contre-réformes, de réduction drastique de ses effectifs, le service public « Jeunesse et Sports » est en grande difficulté, à l’agonie. A-t-il un rôle à tenir dans la société du 21e siècle ? Peut-il être ré-inventé, comment ? Oui, il joue un rôle essentiel et c’est ensemble – partenaires associatifs, personnels, usager.e.s – que nous pouvons le re-penser.
Historiquement, le service public « Jeunesse et Sports » soutient une constellation d’espaces collectifs, clubs sportifs, associations, colos, centres de loisirs, MJC, centres sociaux… et donc des millions de jeunes et d’adultes qui se réunissent autour de pratiques culturelles populaires, artistiques et sportives. Des expériences d’entraide, d’apprentissage, de solidarité, de vie collective, de démocratie se déploient au travers de pratiques pédagogiques variées, émancipatrices lorsqu’elles s’inscrivent dans l’éducation populaire. Comme le disait Paulo Freire : « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes [et les femmes*] s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ».
Ainsi, ce service public accompagne les associations et les collectivités, encourage une diversité de pratiques éducatives et reconnaît aux associations leur capacité à fédérer, à animer des projets, des territoires. Et s’il n’est coordonné que par les 4200 agent.e.s d’une administration Jeunesse et Sports bien précarisée, il implique pourtant un secteur bien plus vaste : des milliers de collectivités, 1,5 million d’associations, près de 2 millions de salarié.e.s associatif.ve.s, 13 millions de bénévoles, 18 millions de licencié.e.s dans les fédérations sportives !
Les enjeux actuels majeurs sont de faire lien, d’encourager l’exercice de la pensée critique, de susciter une capacité d’agir de tou.te.s, et notamment les plus exclu.e.s, habitant.e.s des quartiers populaires et des territoires ruraux… et un tel service public répond à ces défis.
Pourtant ce service public Jeunesse et Sports vit un affaiblissement constant depuis quinze ans et le service rendu aux usager.e.s n’en est que dégradé. La baisse implacable des effectifs – de 8500 personnes en 2008 à 4200 aujourd’hui – la succession de réformes – qui n’engendrent que perte de moyens, invisibilisation des services – et l’absence de vision à long terme transforment les personnels de terrain en bureaucrates gestionnaires – éloigné.e.s des usager.e.s, des partenaires et de leurs compétences – et les politiques publiques en dispositifs de court terme, en réaction à des évènements mal compris. Servant ainsi des affichages politiciens, instrumentalisant les associations et les jeunes, au détriment des besoins sociaux réels : les territoires ruraux et les quartiers populaires sont de plus en plus isolés et sous dotés, leurs habitant.e.s et les jeunes dans leur ensemble sont dans des situations de plus en plus précaires, les associations sont à l’agonie.
Les politiques en direction des jeunesses sont aujourd’hui exclusivement centrées sur un axe jugé prioritaire par les gouvernements successifs : un engagement formaté – via notamment les dispositifs du Service National Universel et du Service Civique – et reléguant la jeunesse à des bataillons qu’il faut insérer dans la société par l’obéissance à des valeurs dites « républicaines » mais au service de l’ordre établi, et du travail subordonné. Les associations du secteur JS, lorsqu’elles ne s’inscrivent pas dans les visées du gouvernement, encourent le risque de perdre des financements, voire d’être l’objet d’une enquête administrative. Nous sommes à mille lieux des valeurs de l’éducation populaire et des projets émancipateurs, solidaires !
La création de l’Agence Nationale des Sports (ANS) en avril 2019 siphonne les effectifs déjà très réduits, doublonne et concurrence le ministère sans apporter aucune plus-value. Au contraire, cette techno-structure nuit considérablement au service public : avec sa mainmise sur la gestion des subventions publiques, l’ANS met en place un système clientéliste favorable aux élu.e.s de fédérations, contrairement à toute règle éthique d’accompagnement et d’instruction des projets par des agents publics protégé.e.s par un statut solide.
Dernièrement, le transfert dans les services de l’Education Nationale fragilise une nouvelle fois le service public JS. Les usager.e.s sont encore une fois les grands perdant.e.s, les services sont vidés de leurs moyens, en complète désorganisation et les personnels trimballé.e.s de réforme en réforme, sont usé.e.s, en surcharge de travail et en colère. Cela traduit-il une volonté de mettre en place un plan d’extinction du service public JS ?
Nous faisons face au résultat d’une casse systématique de ce service public depuis des années :
- par les politiques d’austérité successives,
- par la désorganisation récurrente du fait de réformes qui ne génèrent ni économies ni améliorations
- par l’installation d’une gouvernance néo-libérale et la lente privatisation, au travers des agences (ANS et Agence du Service Civique),
- par l’instrumentalisation des associations depuis des années.
Nous pensons que nous devons tout re-penser et ré-inventer ensemble. Nos premières propositions :
- la co-construction par les personnels, les partenaires associatifs et les usager.e.s d’un service public ambitieux au regard des enjeux sociétaux,
- un budget porté à un milliard d’euros (contre 500 millions aujourd’hui), ce qui est une absolue nécessité au regard de la hausse des richesses accumulées en temps de crise (170 milliards),
- le recrutement de personnels qualifié.e.s : 1000 personnels administratifs, 1000 professeurs de sports, 1000 conseiller.e.s d’éducation populaire et de jeunesse,
- la réaffirmation de la liberté d’association et du caractère indispensable de la participation associative dans la construction d’une société solidaire, durable et démocratique,
- le repositionnement des personnels Jeunesse et Sports sur le terrain et en lien avec les associations afin de construire un service public de missions,
- la mobilisation des crédits du Service National Universel (SNU) au bénéfice des jeunesses et des associations répondant aux besoins sociaux…
Appel à JS DEBOUT !
Nous appelons aujourd’hui les personnels, les acteur.rices des associations, les usager.e.s à se rencontrer, à échanger, à proposer et à se mobiliser largement. Il est urgent de construire une mobilisation d’ampleur pour peser sur les décisions : que voulons-nous transformer ? quelle place, quel rôle souhaitons-nous donner à ce service public JS ? Quelles actions pouvons-nous inventer pour construire un mouvement inédit et massif du secteur JS ?
« La transformation arrive par la combinaison de rapports de force et de travail relationnel : dans l’organisation collective, l’expérimentation, la fabrication de complicités et d’attachements qui échappent aux logiques de chapelle et le travail de long terme » dit Juliette Rousseau.Organisons-nous alors et transformons le service public !
Une première action, en guise de mise en bouche, sera menée le LUNDI 21 JUIN 2021 à l’occasion du lancement des séjours SNU, entre 12h et 16h à Paris (lieu surprise) :« Le service public JS n’entre pas dans votre SNU et vice-versa » : Agora Générale, musiques, actions revendicatives…Tout est à re-penser !
JSdebout !
jsdebout@mailo.com