ALERTE intersyndicale AU RECTEUR D’ILE-DE-FRANCE
Envoyé en copie à Monsieur Marc Guillaume le Préfet d’Ile-de-France, Monsieur Pap Ndiaye le Ministre de l’Education Nationale et de la Jeunesse et Madame Aurélie Oudéa-Castéra la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques de Paris
Monsieur le Recteur,
Suites aux défaillances rencontrées par la mise en place de la DRAJES IDF, l’affaiblissement du service public rendu, les méthodes brutales d’encadrement et la souffrance engendrée pour les personnels, l’intersyndicale Ile-de-France CGT/SOLIDAIRES/UNSA vous alerte aujourd’hui.
Les services Jeunesse et Sports franciliens et leurs agent.e.s sont en grande difficulté, avec une crise de moyens humains et matériels, dont les effets empirent de jours en jours et avec une direction se montrant incapable d’y remédier.
Crise des moyens humains et matériels pour les personnels
Les sous-effectifs impactent l’ensemble des services. Mais, les services supports et RH ainsi que les missions « Jeunesse/Education Populaire » sont sous l’eau. Les personnels, en surcharge de travail, sont épuisé.e.s. Les arrêts maladie sont à déplorer sur ces services. Les agents concerné.e.s sont ainsi amené.e.s à travailler le soir et le week-end sur leur temps personnel pour tenter d’absorber le travail. Les objectifs par missions, notamment autour des dispositifs jeunesses (SNU, FDVA, Service Civique), sont en augmentation, sans que cela ne donne lieu à des recrutements supplémentaires. A titre d’illustration, un an à peine après le dépôt d’une alerte DGI le 3 juin 2021 sur le pôle Jeunesse de la DRAJES, notamment pour alerter sur les sous-effectifs, la situation a empiré. Les missions « vie associative » de l’échelon régional incombent aujourd’hui à un ETP, quand il y a 1 an elles étaient supportées par 3 personnes, qui elles-mêmes étaient déjà en surcharge de travail. Ces missions accusent des retards qui se comptent en années. Ainsi des postes FONJEP (aide financière au poste dans associations JEP de 7164 euros par an) attendent d’être attribués depuis plus 2 ans à des associations, ce qui correspond environ à une perte de 70 000 euros par année pour le réseau Jeunesse Education Populaire de la DRAJES. L’appel à projet (national avec déclinaison par RA) «actions locales en faveur de la Jeunesse » normalement lancé au printemps n’a toujours pas été mis en place en Ile-de-France. Ce retard a des conséquences de taille sur l’organisation générale des services, à commencer par celui en charge des finances souffrant déjà de désorganisation et sous-effectif.
Aux manques de moyens humains considérables, s’ajoutent et se mêlent des moyens matériels médiocres et insuffisants :
Les locaux de la DRAJES et du SDJES 75 sont vétustes. Dans les étages, il est facile de voir le manque d’entretien et de propreté. Les étages 3 et 4 sont particulièrement concernés et, nous attirons l’attention sur les WC de ces niveaux, qui partent littéralement en lambeaux.
Le matériel informatique est insuffisant et défaillant, ce qui pousse plusieurs collègues à utiliser leur ligne personnelle pour joindre nos multiples partenaires extérieurs. Cela a des répercussions sur la vie privée, puisque les partenaires peuvent être amenés en retour à rappeler les collègues sur leur téléphone personnel durant des heures ou jours non travaillés.
La mutualisation des missions avec le rectorat s’apparente aujourd’hui à une absorption par l’Education Nationale. La disparition des RH de proximité est un problème de taille surtout pour accompagner des agents JS qui comportent de véritables spécificités (métiers de CTS, article 10, contrat d’objectifs, autonomie d’organisation…). En l’absence de suivi de proximité, les agents sont livrés à eux-mêmes. Les démarches individuelles sont renvoyées vers des interlocuteur.trice.s divers n’ayant pas les réponses, si bien que les agent.e.s ne savent même pas si le mail a été envoyé au bon service, à la bonne personne. Aucun organigramme des services RH n’a été communiqué au personnel. Seule une plaquette RH a été faite mais les professionnels contactés n’ont pas les moyens nécessaires pour accompagner et diriger les collègues. Il est par exemple impossible d’obtenir un rendez-vous pour un suivi psychologique. De même, pour les questions de formation, les rares personnes qui essaient d’aller au bout de leur démarche, se voient fortement inciter à y renoncer par l’administration avant même d’avoir formaliser la demande, même lorsque celle-ci est faite dans le respect des textes. Pire encore, les rendez-vous avec la médecine du travail sont à ce jour impossibles, via l’ACMS, l’administration n’ayant pas réglé la convention avec ladite association. Quant aux nombreuses plateformes créées par l’administration pour essayer de combler les carences, nous déplorons les défauts et le manque d’information.
Il y a également des défaillances sur les remboursements de frais de mission des agent.e.s amené.e.s à se déplacer à l’extérieur : l’accompagnement des collègues est sommaire et les délais de traitement sont excessivement longs.
La disparition de l’accueil du public, au profit d’un accueil nomade, est l’illustration d’une absence de réflexion concertée avec les agents. Lorsque l’agente d’accueil est en congés, rien n’est mis en place pour y pallier. Les usager.e.s attendent longuement devant la porte et sont amené.e.s parfois à saisir la première opportunité pour entrer dans le bâtiment et se retrouvent esseulé.e.s dans les couloirs. Cela pose évidemment des problèmes de discontinuité du service public ainsi que de sécurité. Des vols ont d’ailleurs été identifiés cette année (PC professionnel, téléphone personnel, …) par une personne extérieure au bâtiment. Rien n’a été mis en place depuis pour y remédier. Des livraisons courriers sont ainsi parfois renvoyées car personne n’est présent ou compétent pour assurer la réception sur site ou signer un bon de livraison. La signalétique pour le public est quasi-inexistante du reste. Ainsi le service d’accueil en lui-même n’existe plus. Précédemment composé d’un bureau de plusieurs agents en charge de l’accueil, du courrier, du standard et de la logistique, il a été complètement dispatché et les personnels ont été répartis dans plusieurs bureaux, à des services et étages différents, et donc sous la responsabilité des chef.fe. différent.e.s. Cette absence de cohérence, d’organisation et de concertation interrogent !
La communication a, quant à elle, quasiment disparue. Le site internet est difficile d’accès et la visibilité des services jeunesse, sports et vie associative est lacunaire. Si bien que des travaux de recherches et statistiques régionales réalisés en interne par le service MIE, sont invisibilisés autant pour les agents que les usager.e.s et partenaires.
Pression hiérarchique, encadrement brutal de la direction :
La direction de la DRAJES et du SDJES 75, par l’intermédiaire du délégué régional (DR), de la DR adjointe et de la cheffe du service « Support » ont mis en place un encadrement descendant, autoritaire entretenant ainsi un environnement de travail anxiogène pour les personnels.
Les sous-effectifs ne sont pas considérés par la direction. Les personnels émettant des points d’alertes auprès de la direction ne sont pas entendus et sont poussés à faire preuve de “courage”. Aux problèmes collectifs liés aux charges de travail et aux souffrances professionnelles, les réponses de la direction sont d’individualiser la situation vers les agent.e.s et leur compétences, jugées « insuffisantes » pour venir à bout des dossiers.
Il en est de même lorsque ces critiques sont exprimées par les organisations syndicales. Le DRAJES se cache derrière son taux d’emploi plein et n’entend pas l’inadéquation des moyens et des missions. Pire que cela, la direction a mis en place depuis plusieurs mois des méthodes de management brutale en conviant les agent.e.s à des rendez-vous de dernière minute, ou en se rendant directement à leur bureau sans aucune formalisation préalable, pour les intimider, les critiquer sur leur travail de façon directe ou indirecte, voire même pour apporter des changements importants à leur périmètre de travail et missions. La direction tient également des discours autoritaires en réunion de service sans être inquiétée : « Si vous n’êtes pas content.e.s, vous savez où se trouve la porte». La direction n’hésite pas à brandir la menace de la sanction disciplinaire auprès de certains personnels.
Les processus de recrutement posent de nombreuses questions. Les postes nécessitant des compétences métiers Jeunesse et Sports sont ouverts à des personnels non issus de ces corps. Corps eux-mêmes en disparité, puisque la direction ne recrute que des PTP à la marge. Cette disparition est incompréhensible.
Dans le même temps, on note une absence générale de concertation auprès des personnels et une absence d’intérêt pour le collectif de travail. Même l’association du personnel chargée de la convivialité du personnel et du sport santé est menacée d’existence.
Beaucoup de collègues se sentent déconsidéré.s professionnellement. Ils déplorent un manque d’écoute, de prise en compte des besoins et initiatives de travail de la part de la hiérarchie de proximité et de la direction.
Beaucoup de collègues se sentent ainsi acculé.e.s, esseulé.e.s, surveillé.e.s et menacé.e.s, ont peur de venir travailler et de s’entretenir avec la hiérarchie. Les contractuel.le.s sont celles et ceux qui peuvent le moins s’exprimer sous menace de ne pas être renouvelé.e. Depuis plusieurs mois, les départs ou tentatives de départs s’accumulent chez les personnels, de même que les arrêts maladie. Plusieurs personnels ont émis auprès de leur collègues proches et représentants syndicaux des propos extrêmes sur leur santé et leur mal-être physique et psychologique en raison du contexte professionnel : évocation de tentative de suicide, menace de grève de la faim, utilisation d’anxiolytiques… Des agents ont vu leur conditions physiques se dégrader de jour en jour et se disent inquiet.e.s pour leur santé et en état de « de burn-out ».
Contournement des organisations syndicales et des instances de dialogues sociales
La direction ne montre que peu d’intérêt au respect du cadre légal concernant le dialogue social et à la concertation avec les organisations syndicales. Plusieurs fois, elle a d’ailleurs dit que puisque le CHSCT local n’existait plus, « il était possible de changer la fiche de poste d’agent.e sans passage en CHSCT ». Elle a également reproché à mots couverts à plusieurs agent.e.s de solliciter un accompagnement syndical.
Il faut souligner que la direction a également joué un rôle lors de la précédente alerte DGI de juin 2021, intimidant les agent.e.s ayant exprimé leur souffrance par plusieurs méthodes inacceptables (rendez-vous individuels sans écouter toutes les personnes concernées, dissimulation d’information, intimidation écrite et orale vers les agents, …).
Depuis plusieurs mois, les organisations syndicales sont donc très régulièrement sollicitées par des collègues, à titre individuel et collectif. En l’espace de 3 mois, l’intersyndicale a été amenée à organiser une enquête sur les conditions de travail auprès des agent.e.s ainsi que trois réunions d’informations.
A cela s’est ajoutée une rencontre le 1er avril entre l’intersyndicale et le DRAJES accompagné de son équipe de direction. Lors de cette rencontre, le DRAJES s’était engagé à plusieurs choses : la fin du management autoritaire et des entretiens non conformes et brutaux, la mise en place d’un groupe de travail pour rétablir un accueil de proximité (dont la date vient juste d’être donnée) et la concertation des agent.e.s, notamment en cas de déménagement.
Deux mois, à peine après ce rendez-vous, force est de constater que ces engagements ont été bafoués :
· Le management autoritaire continue d’être mis en place
· La direction souhaite faire déménager plusieurs services, au moins 2, en interne.
L’annonce a été faite brutalement, sans concertation et voudrait être imposée aux agent.e.s malgré les réticences exprimées, un an à peine après un précédent déménagement. Au pôle jeunesse de la DRAJES, il serait déjà question de passer de 14 bureaux à 10, et de perdre 30m2.
Nous vous demandons en urgence :
- d’engager un dialogue approfondi avec les organisations syndicales pour répondre aux défaillances actuelles
- de mettre fin aux méthodes managériales agressives
- de mettre en œuvre un plan de recrutement adapté aux besoins du service public
- de faire cesser les projets de mutualisation DRAJES/Rectorat et les déménagements menés sans aucune concertation avec les personnels et les organisations syndicales
Dans l’attente d’échanges constructifs, veuillez recevoir, Monsieur le Recteur, nos sincères salutations,
L’intersyndicale JS IDF
CGT/SOLIDAIRES/UNSA