Depuis la création des DRAJES et SDJES au 1er janvier 2021 et l’arrivée à l’Education Nationale, il n’est guère difficile de constater le chaos qui règne dans l’immense majorité des services. Fin juin, les galères organisationnelles sont multiples, les chefferies épuisées, les collègues essoré.e.s et les usager.e.s délaissé.e.s. On constate, sans difficulté, que le Service National Universel (SNU) a vampirisé l’ensemble du « temps de cerveau disponible » des directions délaissant de facto les autres missions et les autres pôles (comme les Pôles « Sports » et les Pôles « Formations »). Nous allons prendre le temps de nous arrêter sur les Pôles « Formations ».
« Tout est Chaos »
Comme l’ensemble des services, les Pôles « Formations » ont été extrêmement sollicités pendant la crise sanitaire avec une modification du cadre réglementaire des formations professionnelles, la fermeture d’une multitude de structures d’alternance (dont les ACM ce printemps en pleine période de certifications) et des différences de consignes entre « financeurs » et autorité académique. Cela a nécessité un intense accompagnement des Organismes de Formations (OF), des structures d’alternance mais aussi des stagiaires en formation ou à venir.
Si les situations peuvent être légèrement différentes selon les DRAJES, le point commun des pôles « Formations » est la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvent. En effet, alors que depuis novembre de nombreuses alertes ont été émises par les agents, les chef.fe.s de service et parfois les DRAJES, fin juin les frais de déplacements des membres des jurys régionaux ainsi que leurs vacations ne sont toujours pas versés et le logiciel pas paramétré. Les conséquences sont nombreuses : relations délicates avec les membres de jurys, démission des membres de jurys, jurys sans quorum ouvrant la voie à des recours multiples ou annulation pure et simple de jurys avec de lourdes conséquences pour les stagiaires et leur accès futur à l’emploi. Pour rappel, la certification est une mission régalienne. Cette situation est intenable et le risque de RPS atteint son seuil maximal. Des collègues, des chef.fe.s de service et parfois même des DRAJES sont d’ores et déjà en arrêt maladie. Nous félicitons notre nouvelle administration de faire une telle unanimité contre elle !
Métiers « désenchantés »
Cette situation, qui dure depuis des mois et que nous espérons conjoncturelle, est à mettre en perspective avec la dégradation imposée de la qualité du travail que subissent les pôles formations depuis plusieurs années.
En effet, les pôles « Formations » sont comme les autres et subissent de plein fouet la réduction des effectifs. Dans le même temps, le nombre de formations professionnelles estampillées « Jeunesse et Sports » explosent sur l’ensemble du territoire (dans certaines régions, la multiplication avoisine près de 200% sur les trois dernières années !) du fait de la concurrence accrue entre les OF, du développement de l’apprentissage dans notre secteur et aussi de l’augmentation financière du dispositif « Sésame ». Dès lors, le suivi de la qualité pédagogique des formations est de plus en plus difficile à effectuer par les agents. Moins nombreuses et moins nombreux, les collègues ont plus de formations à accompagner, ce qui rend très complexe leur déplacement sur le terrain pour accompagner les OF et veiller à la qualité pédagogique.
A cela s’ajoute des pressions « politiques » qui ont comme conséquence la remise en cause du travail des agents, notamment sur l’habilitation, où les hiérarchies cèdent et passent outre le travail d’analyse des collègues. De surcroît, les DRAJES n’ont aucun pouvoir en matière d’offre de formation sur le territoire et les habilitations des OF ne tiennent de facto pas compte des besoins de formation. Il s’avère aussi que dans certaines régions, les relations avec le Conseil Régional sont houleuses, ou a minima délicates, avec une opposition évidente entre « visions politique, politicienne et financière » et « visions pédagogiques et réglementaires ». L’Etat devrait être capable de décider où, quand et par qui ses propres diplômes sont mis en œuvre !
« A quel saint se vouer » ?
Aujourd’hui ? Alors que les pôles « Formations » ont du mal à fonctionner face aux dérives et blocages de l’Administration, nous savons que la charge de travail va être encore significativement augmentée avec l’arrivée de « Parcousup » pour l’ensemble de nos diplômes et de nos OF, et ce dès la rentrée de septembre.
Demain ? Le très récent rapport de Bernard ANDRE rajoute de la perte de repère dans les pôles « Formations ». En effet, l’Education Nationale -chaussant ses gros sabots- souhaite très rapidement diplômer dans le champ du « Sport » à l’aide d’Unité Facultative « Secteur Sportif » (UF2S), de baccalauréat professionnel « Métiers du Sport » et de BTS « Métiers du Sport ». Nous reviendrons prochainement sur ce f(a)(u)meux rapport !
Il paraît primordial d’analyser le contexte actuel qui conduit les Pôles « Formations » à ne plus savoir quel est leur espace d’action, ni les contours de leur objet de travail et par conséquent à ne plus savoir quelle est leur compétence. Comment définir une stratégie pour des services pris entre la libéralisation du marché (avec ses critères économiques et juridiques), la prégnance des appels d’offres des Conseils régionaux /Pôles emplois dans un contexte de chômage massif et, maintenant la tutelle extensive de l’Education nationale sur les diplômes JS intégrés voire absorbés dans sa logique (diplômes EN et Parcours sup) ?
Il est urgent :
- De régler les soucis d’ordre administratif pour permettre aux agents de travailler sereinement et correctement
- De recruter massivement des collègues pour développer une offre de formation de qualité
- De donner aux DRAJES, un pouvoir en matière d’offres de formation
- De stopper, a minima temporairement, le déploiement de « Parcoursup » dans le champ JS tant que les différents problèmes ne sont pas réglés
- De stopper le déploiement de diplômes « Educ Nat » dans le champ du sport
Le bateau tangue, sortons les rames !