Alors que JS traversait déjà une période très difficile depuis 15 ans, avec les baisses drastiques d’effectifs (de 8500 à 4200 personnels aujourd’hui), les contre-réformes et la montée en puissance des dispositifs, le dernier transfert à l’Education Nationale est la cerise sur le gâteau. Après une année, le bilan est catastrophique avec de lourdes conséquences sur le secteur professionnel et sur la situation des collègues en service. Au niveau national, la prise en main l’Education Nationale sur des politiques publiques historiques de JS et sur la gestion des personnels est rude. Au niveau déconcentré, la désorganisation est énorme avec une multiplication du nombre d’interlocuteurs, allongeant les prises de décision. Jeunesse et Sports est devenu un millefeuille indigeste.
Dans les services (SDJES et DRAJES), les difficultés sont multiples, elles sont parfois d’ordre organisationnel (déménagements, numériques), mais aussi politiques avec des DASEN et des Recteurs.trices peu enclins à faire vivre le réseau JS et à vouloir le comprendre. Quand un DASEN dit ne pas être là pour que les agents puissent continuer à mener les missions JS, que faut-il comprendre ? De plus, la pression du SNU et l’ingérence de l’ANS fragilisent chaque jour le Service Public JS. Et plus prosaïquement, la fermeture des services envisagée pendant les vacances scolaires montre à quel point les spécificités de JS ne sont pas prises en compte. La « continuité éducative » n’était qu’un écran de fumée. Or, sans moyen supplémentaire, avec une désorganisation grandissante, Jeunesse et Sports traverse une crise majeure qui impose une réaction collective.
L’administration nie toute difficulté. Pourtant :
- Quels DASEN ignorent les missions JS, méprisent les missions d’Education Populaire et demandent aux personnels de travailler sur des missions réservées à l’Education nationale (projets d’école, séjours scolaires…) ?
- Quel service public n’a plus de téléphone fixe pour être contacté par les usager.e.s ?
- Quels services envisagent de fermer pendant les congés scolaires ? Quel service limite les congés à 3 semaines maximum consécutives de manière arbitraire ?
- Quels services déclassent de manière autoritaire les agentes administratives dans des groupes de fonction inférieurs pour réduire leur indemnité ?
- Quel ministère a brutalement retiré l’action sociale, dont le montant équivalait à un 13e mois pour certains agents ?
- Quel service aura déménagé trois fois pour enfin trouver son installation définitive ?
- Quel service permet à des agents d’avoir plusieurs centaines ou milliers d’Euros non remboursés en frais de déplacement (avec un record à 5000€) ?
- Quel service fait semblant d’étudier les alertes Danger Graves et Imminents qui ont été lancées ?
- Quelle direction de service ou de CREPS malmène les personnels au point de les dégouter de leur métier ?
Ce florilège des dysfonctionnements observés ces derniers jours engendre de l’incompréhension, de la colère et de la souffrance. Comment est-ce possible d’en arriver là ? Le hasard, la malchance ? Pas du tout ! « Avec le néo-libéralisme, on a un Etat qui organise la destruction de l’Etat. Dans le langage néo-libéral, cela s’appelle la transformation. » Barbara Stiegler
Face à ces dysfonctionnements, est-ce que le ministère prendra, de son plein gré, les mesures qui s’imposent ? Par quelle magie ? Pendant combien d’années allons-nous devoir répéter les mêmes constats ? Depuis 15 ans, est-ce que la volonté gouvernementale est de redonner un sens à l’action des personnels et des moyens suffisants pour mener les missions ? Est-ce que les 5 prochaines années seront différentes ?
Que faire face à cette destruction du service public ? Se lamenter ? D’autres ont essayé, cela ne marche pas ! Aujourd’hui, seule l’action déterminée des agents, partout dans leur service et établissement, la mise en réseau et la mise en place d’actions concrètes permettra de relancer le service public JS à bout de souffle aujourd’hui.
Au niveau du CTM et des CST, passées les discussions d’usage, il faudra vite reconnaitre que la présence des syndicats n’est qu’un leurre si aucun rapport de force ne s’installe face à cette administration sourde et rigide. Dès lors, il est indispensable de poser sur la table la question du boycott collectif de ces instances pour entraver la marche funeste. Qui est d’accord ? Allons-nous nous contenter de discuter dans le vide pendant une 2e année ?
Et enfin, et c’est bien un appel à mobilisation dont il s’agit, partout, dans chaque service et établissement, il devient indispensable de discuter, de s’organiser pour analyser en toute lucidité la situation. Est-ce que le service public JS fonctionne correctement ? Que manque-t-il ? Comment agir collectivement ? Si des personnels continuent de s’adapter aux dysfonctionnements, de détourner le regard ou de prendre la fuite, nous appelons plutôt à une implication individuelle et collective pour retrouver du sens à nos métiers et un service public digne de ce nom !
« Ne doutez jamais qu’un petit nombre de gens engagés puisse changer le monde ; en fait, cela se passe toujours ainsi ». Margaret Mead
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