SOULÈVEMENTS DE NANTERRE
Mardi 27 juin. Nahel, 17 ans, est abattu par la police à Nanterre pour ce qu’ils appellent un refus
d’obtempérer.
Jeudi 29 juin. Alors que des soulèvements populaires sont en cours dans plusieurs villes et notamment dans les dits “quartiers populaires” et “quartiers prioritaires de la ville” en réaction à ce meurtre, G. Darmanin, ministre de l’Intérieur tient ces propos : « une nuit de violences insupportables contre des symboles de la République : mairies, écoles et commissariats incendiés ou attaqués ».
Si seulement c’était vrai ! Cela pourrait éventuellement l’être si ces lieux (“mairies, écoles et commissariats”) étaient des communs auxquels notre système social et politique aspirait, en lieu et place des symboles actuels de la réalisation d’un État colonialiste, raciste et désormais autoritaire et policier, qu’est la France aujourd’hui.
Car oui, la police française est dorénavant autorisée à tuer ! (1)
Mais où sommes-nous arrivés ?
La réalité est celle-ci : La police républicaine, elle, vient d’abattre un Jeune.
Oui, la police « républicaine » vient d’abattre Nahel.
Abattu, comme tant d’autres avant lui. Dont nous ne connaissons le nombre, les noms que si l’un.e d’entre nous a pu capter les images des meurtres. Combien d’autres ?
Ne nous y trompons pas : si c’est bien un policier qui a appuyé sur la gâchette, il a été armé par l’institution et [s’est senti] autorisé par la loi.
Nos Ministères en charge des politiques Jeunesse, Education Populaire, Vie Associative et Sports sont également responsables.
Responsables des injonctions au productivisme : l’insertion plutôt que l’émancipation. Le contrôle des corps et des déplacements, plutôt que la liberté de mouvement et l’autonomie.
Oui nos ministères sont responsables à force de considérer la jeunesse comme des exécutants, des personnes à mettre dans le droit chemin. A force d’étouffer leur énergie et spontanéité, encadrer et limiter leurs pouvoir-d’agir, de les voir comme des être inférieurs et défaillants ( SNU, Service Civique, suppression des APL, diminution des bourses, suppression des aides à projets type Envie d’Agir, refus du CROUS à 1 euros, etc …).
Oui nos ministères sont responsables des injonctions au parcours unique et à l’utilitarisme : “tu t’engageras pour aider tes prochains pendant que nous défaisons les services publics et la protections sociale”, “tu t’engageras sur le chemin de l’ordre et de l’autorité, tu obéiras et tu te tairas”. Et si tu refuses, tu perdras tes droits. Y compris le droit de vivre ?
D’ailleurs, les jeunes n’existent plus dans nos politiques publiques : c’est la chair des parents qu’il faut garder dans le cadre républicain et empêcher de tout, puis de la chair à patrons qu’il faut formater, ou encore de la chaire à médailles qu’il faut entraîner et finalement de la chair à canons. Quant aux jeunes habitant.e.s des villes situées en quartier prioritaires ou les zones dites de “quartiers populaires”, ils et elles sont majoritairement les jeunesses racisées des “anciennes” colonies dont les corps sont essentialisés, stigmatisés et sur-surveillés, comble du système raciste!
Les jeunesses n’ont plus droit de cité et sont instrumentalisées pour le maintien d’un ordre capitaliste et patriarcal, qui les minorise, les diminue toujours plus. En aucun cas leurs aspirations – légitimes – ne sont reconnues, encore moins respectées. Qu’il s’agisse de simplement exister ou de construire un monde vivable, désirable, écologique et solidaires.
La « politique de la ville » – à laquelle nos ministères contribuent – n’est qu’une pauvre tentative d’achat du silence de populations pourtant perpétuellement confrontées au dénigrement et aux humiliations quotidiennes. Aux brutalités et aux meurtres racistes policier.es. Insupportables.
Dès lors, incendier le vieux monde mortifère ne constitue que l’ultime recours de jeunesses brutalisées et réduites au silence.
Ils sont riches, puissants, racistes, sexistes, écrasants, mais nous sommes des millions, il ne tient qu’à nous de nous organiser et nous soulever !
Soulevons-nous
Participons aux rassemblements locaux de soutien
Soyons les rassemblements
Réunissons-nous
Unifions nos forces
Convergeons nos luttes.
Désobéissons
Défendons-nous
Révoltons-nous
Formons-nous
Apprenons à nos enfants, à nos proches à ne pas céder !
Faisons grèves
Levons-nous contre toutes les formes de violences et d’oppressions
Organisons-nous
Refusons ensemble leur monde et créons le nôtre
A Nanterre, et ailleurs !
Partout, soulevons-nous !
(1) Autorisée à tuer depuis une modification de la loi en février 2017 qui précise que les policiers sont autorisés à faire usage de leur arme à feu lors d’un refus d’obtempérer quand les occupants d’un véhicule “sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui”.